- behind the scene
Pleasure, film choc et réaliste sur les coulisses du porno
Jean - 12 août 2022
Sorti en France, en octobre 2021, le film « Pleasure » a été salué par la critique comme un film assez réaliste sur l’industrie du porno. Toutefois, il a aussi fait l’objet de critiques de plusieurs personnalités du X, notamment l’écrivaine et productrice Noelle Perdue qui a étrillé, en partie, le long-métrage.
Le film Pleasure de Ninja Thyberg a été salué comme une représentation brute et réaliste du monde du porno. « En tant qu'écrivaine et productrice porno, je n'ai jamais vu un film traditionnel capter aussi bien la subtilité de l'esthétique du genre », détaille Noelle Perdue. Pour ceux qui n’ont pas encore vu le film dans Pleasure, on suit l'histoire de Bella Cherry (Sofia Kappel), une Suédoise de 20 ans qui veut faire ses débuts dans l'industrie du X à Los Angeles.
Pleasure Officiel
Une représentation réaliste du monde du porno ?
Dans l’article paru sur Slate, Noelle Perdue loue d’abord le réalisme du film. « J'ai même reconnu certains des décors du monde du porno. Se frayer un chemin dans le porno peut être impossible à moins d'avoir une connexion : un ami, un collègue ou même un parent ».
Dans ce film, on retrouve Casey Calvert, « une actrice porno qui joue elle-même dans le film et a confirmé qu'une grande partie du film a été tournée sur les mêmes propriétés que je connaissais », détaille Noelle Perdue.
« Quand je lui ai parlé du film sur la question du réalisme, elle était circonspecte. ‘Dans l'intention de Ninja Thyberg d'essayer de faire une représentation réaliste, je pensais qu'elle avait réussi’, m'a dit Calvert. Mais, a-t-elle ajouté, ‘quand les gens regardent Pleasure, ils en retirent ce qu'ils veulent. S'ils veulent avoir une vision négative de l'industrie porno avec Pleasure, ils peuvent l’avoir, et s'ils veulent avoir une vision positive, ils peuvent l’avoir également. Cela dépend beaucoup de la perception personnelle », souligne l’écrivaine.
Les coulisses du monde du X
Pour les acteurs de l'industrie qui ont vu le film, cela peut être une description assez proche de la réalité. Dans le long-métrage, on peut voir notamment les coulisses, tout ce qui est « Behind the scene ». « J'ai apprécié l'enthousiasme de la première scène de Bella Cherry dans l’industrie X. Cela sonnait vrai », avance Noelle Perdue. On assiste par exemple à la signature des contrats, les échanges avec le réalisateur et les techniciens.
Pleasure Officiel
Alors que certaines jeunes femmes rejoignent le porno dans l'espoir de gagner rapidement de l'argent, être une actrice dans cette industrie est un travail difficile pour de nombreuses raisons : l'autopromotion sur les réseaux sociaux, trouver du travail sans agent, obtenir un agent, planifier des scènes ou encore se faire épiler régulièrement...
Un film jugé trop sombre
« En regardant le film, je me suis demandé : si une œuvre d'art ne fait que renforcer les clichés sur un sujet, est-ce utile ? Beaucoup de gens de l'industrie ne semblent pas le penser. C’est le cas du producteur de porno Axel Braun qui considère que le film insiste trop « sur le côté négatif de notre industrie » dans un tweet supprimé depuis. L’actrice Lucy Heart a tweeté que l'intrigue centrale était « une idée trop simpliste qui nous faisait apparaître de manière négative ». Elle a déclaré au site Indiewire que la fin du film « n'était pas très sexuellement positive ».
Noelle Perdue déçue par l’issue du film
« En tant que personne qui a regardé de nombreux documentaires et médias sur la pornographie, Pleasure a perdu son éclat au moment où il s'est orienté vers la sortie de l'industrie. Les blagues sur les intrigues surexploitées dans le porno commencent à tomber à plat. D’autre part, les documentaires sur le porno aboutissent à la même issue encore et encore : la travailleuse du sexe quittant son emploi, une décision clairement destinée à susciter le soulagement de l'auditoire », déplore Noelle Perdue.
C’est le cas par exemple du documentaire « Hot Girl Wanted », sorti en 2015. Le côté sombre du métier était aussi mis en avant, notamment la brutalité du monde du X. L’écrivaine Noelle Perdue pense aussi que le film manque de nuances.
Pleasure officiel
Tous les acteurs de Pleasure sont issus de l'industrie du porno, à l'exception notable de Sofia Kappel, qui joue le personnage principal. « Ce casting semble représentatif de l'échec de Thyberg à suivre les vrais contours de cette industrie : une incapacité à s'engager pleinement. Malgré des années de recherche et le désir évident d'innover et de faire quelque chose de nouveau, Thyberg a trébuché dans son récit », regrette Noelle Perdue.
« Le film s'est concentré sur récit usé. Si l'industrie du porno peut abandonner les plombiers et les livreurs de pizzas, Hollywood peut-il aussi, je l'espère, abandonner son obsession de voir chaque travailleuse du sexe « échapper » à l'industrie », termine Noelle Perdue.